La lutte, c’est class (action)

9 Déc

En tout premier lieu, je tiens réellement à m’excuse pour ce titre lamentable, mais j’ai des excuses: la fatigue, la patinoire, le froid et le reste.

Une fois de plus, c’est sur France Inter que j’ai entendu parler de ce procès révolutionnaire chez nos copains les américains, qui oppose le leader mondial de la distribution à … l’ensemble des ses salariées.

Tout commence en 2001, quand Betty Dukes et six de ses collègues se lancent dans un procès pour discrimination liée au sexe, aussi bien dans des inégalités salariales que pour l’impossibilité de progresser dans l’entreprise. En 2004, un juge a validé le fait que ce procès puisse se transformer en class action, c’est à dire que les plaignantes sont autorisées à représenter l’ensemble des personnes ayant aussi été discriminées sur les mêmes caractéristiques, à savoir l’ensemble des salariées depuis 2001. Le passage d’un procès lambda à une class action a été possible car les plaignantes ont réussi à montrer que la discrimination dont elles ont été victimes n’étaient pas des cas isolés, mais dépendaient fondamentalement de la stratégie d’entreprise, puisque les ressources humaines sont centralisées.

Wal Mart a d’ores et déjà annonce qu’ils iraient en Cour d’appel en cas de condamnation, mais cette affaire a deux mérites:

– quelque soit l’issue, Wal Mart risque de voir son cours de bourse fléchir en même temps que sa réputation se noircit un peu plus.

En effet, WM est déjà largement connu pour discrimination syndicale. Chaque fois qu’une cellule syndicale est créée dans un de ses sites, la solution est radicale: fermeture du site. Il y a aussi la discrimination sur l’état de santé: un document établissant une procédure de sélection des employés avait fait grand bruit lors de sa publication dans la presse. L’entreprise prévoyait en effet de faire travailler ses nouveaux salariés à un rythme très éprouvant au moment de leur intégration, afin de repérer les plus faibles et de s’en séparer pendant leur période d’essai. Un moyen d’économiser sur l’assurance maladie accessible à tous les employés (en bonne santé).

– cette classe action, qu’elle aboutisse ou non, est un premier pas vers de nouvelles class actions. Le risque financier est énorme et c’est à mon sens la seule solution de contraindre les entreprises à mettre en place des politiques égalitaristes. En effet, tout raisonnement se fait à partir d’une analyse risque – opportunité. Tant que la probabilité d’occurrence d’un évènement (être condamné en class action) multipliée par le coût qui lui est associé (les rattrapages de salaires pour toutes les employées depuis 2001) reste inférieur au coût de mise en place d’une politique d’égalité, l’entreprise ne bouge pas.

Je suivrai ce procès avec la plus grande attention et j’espère qu’il ouvrira des portes à d’autres actions du même genre. Sans jeu de mot.

Du mieux… Mais…

8 Déc


La Barbe a remis un prix à Radio France qui dévoilait le nom de la personnalité culturelle de l’année. Oh terrible mystère planait autour de son identité, mais point sur son sexe. Parmi 8 préposés masculins, peu de risque que le vainqueur soit une femme!

Un autre prix est lancé, celui du sportif de l’année. A nous de choisir entre 14 sportifs, dont 4 sportives. A noter que deux équipes nationales y figurent: l’équipe de France de rugby et celle de handball… les deux étant masculines, cela va sans dire.

Nan mais!

congrès international féministe: Qui y était

6 Déc

Je n’ai malheureusement pas pu me rendre au Congrès International Féministe ce week-end. Si vous y étiez et que vous avez pris quelques notes, faites le moi savoir!

J’ai lu Marcela Iacub, et j’ai pas aimé (du tout)

3 Déc

Sur les conseils d’une collègue, j’ai lu « Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle » et je n’ai pas du tout aimé.

Qu’on se comprenne bien. Je n’ai vraiment pas aimé, qu’il s’agisse du contenu comme de la façon de l’exposer.

Pour ce qui est du contenu, c’est bien simple: le féminisme est conservateur puisqu’il réduit la sexualité à un rapport de domination des hommes sur les femmes, alors que depuis les années 1970 (et la libération sexuelle), on ne devrait pas interdire la sexualité.

Sauf que pour Marcela Iacub, dans sexualité, il y a prostitution. Voilà, voilà pour le contenu.

La question de la prostitution a toujours été une question clivante, même entre féministes, je peux donc comprendre l’intérêt de faire un bouquin pour défendre et argumenter sa position. Oui mais, il y a argumentation et argumentation.

Le bouquin consiste en une réflexion menée par Louise Tugènes, décrite comme une « idiote », terme défini comme quelqu’un qui mets plus longtemps que les autres à comprendre une notion quelconque.

Si cette démarche peut revêtir un intérêt pour avancer pas à pas dans un questionnement, une recherche des réponses disponibles puis leur critique, Marcela use et abuse de ce procédé en y adjoignant des exemples caricaturaux. Tout au long de ce récit, sa méthodologie reste la même. Je pose un principe, généralement représentant la majorité dans le monde féministe, j’oppose un exemple caricatural qui va à l’encontre dudit principe. Tu ne peux pas être d’accord avec l’exemple présenté, donc tu te positionnes contre le principe du départ. Et elle répète cela indéfiniment.

Louise commence par constater que malgré la libération sexuelle proclamée, le quart des personnes incarcérées en France l’est pour des crimes sexuels. Elle lie rapidement le crime sexuel au viol (absence de consentement) et y oppose donc la prostitution dont le fondement même est un consentement contractualisé. Elle soutient ensuite que la prostitution est un formidable moyen de se faire un peu d’argent, surtout lorsqu’on est étudiante, et en très peu de temps, laissant loisir à toutes d’étudier un max pour faire une brillante carrière par la suite. Elle reconnaît tout de même que cela peut être difficile d’un point de vue éthique, mais franchement, est-ce plus difficile que de bosser chez Mc Do’ alors qu’on est végétarienne convaincue? (principe / contre principe caricatural).

A ce moment là, j’ai pensé à brûler le bouquin, puis je me suis souvenue qu’il appartenait à une collègue, puis je me suis dit que ça ferait un chouette sujet d’article, et puis il me restait un max de stations de métro à faire, alors…

Mais il y a tout de même des moments où cette méthode argumentative atteint des sommets.

C’est le cas quand Louise appelle une amie pour lui parler de ses recherches et que cette dernière lui confie qu’elle est actuellement en procès contre la professeure de son fils qui a tenté d’abuser de ce dernier. Louise appelle le fils en question qui a 17 ans et qui lui parle de la formidable histoire d’amour qu’il vivait avec sa jeune prof’ jusqu’à ce que sa mère s’en mêle et leur piétine le cœur sans scrupule. On en revient à principe unanimement reconnu (il faut protéger les enfants des abus sexuels) / contre exemple caricatural (en réalité l’enfant a 17 ans, il est heureux avec cette femme).

Ce modèle revient aussi avec sa belle mère qui s’est fait stérilisée très jeune pour ne pas prendre le risque de tomber enceinte (féministe affirmée) et qui finalement décide de faire appel à une mère porteuse à un âge très avancé et se définit comme « co-auteure » de l’enfant à naître.

Bref, une fois qu’elle nous a fait le coup trois fois, et que l’on comprend que la trame même de ce bouquin ressemble fortement à une démonstration par l’absurde, que l’énervement retombe et qu’on a reposé le briquet pourtant quelques minutes plus tôt près à brûler le livre, il devient intéressant d’anticiper les cas extrêmes qu’elle va nous sortir de son chapeau afin de déconstruire le féminisme actuel.

Navrant…

Sortez couvert(e)s!

1 Déc

Aujourd’hui c’est la journée mondiale de lutte contre le sida.

Pour éviter de réécrire ce qui est déjà très bien dit sur la toile, voici quelques liens à consulter:

A dire d’elles fait un article très complet sur un aspect pas forcément relayé par les média: l’épidémie se féminise.

A faire: un quiz sur le VIH. J’ai fait un score lamentable, mais au moins j’ai appris plein de trucs.

Le chiffre à retenir : 50 000, soit le nombre de personnes qui sont contaminées sans le savoir.

Le numéro de tel. à mémoriser : 0 800 840 800, celui de Sida Info Service. En l’appelant, vous pouvez poser toutes les questions qui vous tracassent, de manière anonyme et gratuite.

Le slogan à se rappeler: sortez couverts. Seule le préservatif protège d’une contamination contre l’ensemble des maladies sexuellement transmissibles.

 

Accompagnement des lycéennes enceintes à Roubaix?

30 Nov

Ça faisait plusieurs matins que j’entendais d’une oreille une réclame sur inter qui m’interpelait mais que je ne parvenais pas à écouter entièrement (comprendre: je ne suis pas encore bien réveillée le matin, et mon esprit à du mal à décoller de ma tasse de thé). Puis, ce matin, je me suis forcée à me concentrer en tendant l’oreille, je n’avais pas rêvé.

C’est une réclame pour la Fondation de France qui dit en gros qu’il faut aider les lycéennes enceintes à concilier maternité et études. J’ai eu du mal à y croire. Cette fondation se définit comme soutenant

des projets concrets et innovants qui répondent aux besoins des personnes face aux problèmes posés par l’évolution rapide de la société.

Dès que j’ai eu une minute, j’ai été vérifier sur le site internet sans trouver. J’ai donc tapé dans google :

fondation de france grossesse lycéenne

pour tomber sur ce document qui précise:

Lycéennes et jeunes mamans, Lycée jean Moulin de Roubaix Lycéennes et enceintes… Difficile pour des adolescentes et leurs compagnons d’assumer simultanément enfant, études et gestion de la vie quotidienne. La Fondation de France soutient cette initiative dans le but d’éviter que naissance ne rime avec exclusion scolaire. Le projet vise à aider et conseiller les jeunes parents-élèves en leur permettant de mener à bien leur projet de vie dans les meilleures conditions d’accès aux soins et aux droits. Un livret d’accueil et de suivi élaboré par l’assistante sociale et l’infirmière scolaire, une aide pour les inscriptions en
crèche, l’organisation de réunions thématiques facilitent le quotidien des jeunes filles. Le suivi concerne également la scolarité et le lien avec les familles. Les professionnels des différentes institutions concernées par les grossesses adolescentes travaillent en réseau afin de former les équipes à cette problématique.

J’avoue qu’à ce stade, je suis un peu surprise de l’action de la Fondation de France, puisque je ne pense pas que devenir maman à un âge si précoce soit épanouissant pour une femme et je crains l’action pro-life…

Je tombe pourtant sur une interview de Suzanne Six, assistante sociale au lycée en question, apparemment à l’origine de cette initiative disant:

« Nous n’intervenons qu’une fois que l’adolescente a fait son choix : avorter ou poursuivre sa grossesse »

Mais revenons-en à la recherche google. Et là, gros choc. le deuxième lien disponible n’est autre qu’un site (que je ne linkerai pas, je ne vais pas en plus améliorer leur référencement) dont le look ressemble étrangement à un site dont j’ai parlé dans un précédent article, la preuve:

Si je n’ai pas retrouvé leur « numéro sos ivg » comme dans les deux autres sites, la ligne éditoriale est  clairement anti-ivg, avec des articles sur les prétendus syndromes post-abortifs et une sacrée dose de vidéo condamnant l’avortement.

Alors, je me pose des questions. Dans quelle mesure instituer un accompagnement pour les lycéennes enceintes est un progrès, dans le sens où il vaudrait mieux donner à celles-ci les moyens de contraception leur permettant d’avoir une sexualité sans risque. Après, oui, il y a certainement des lycéennes ayant un fort désir de maternité, que je me refuse à juger ici, et qui doivent être accompagnées dans cette épreuve. Pourtant, quand je lis dans cet article datant de juin de 2009, et pour un dispositifs adopté dans tous les lycées publics du district de Roubaix en septembre 2007, que

Dans les 18 derniers mois, 36 jeunes filles du district ont bénéficié de cet accompagnement.

Je me pose des questions sur le bien fondé de cette démarche.

OLF plus fort que Bashung…

29 Nov

C’est ce que je viens de découvrir en cherchant Osez le Féminisme sur Google…

Blague à part (j’adore Bashung au moins autant que je suis féministe), si je recherchais OLF, c’était pour relayer le fait que leur prochaine réunion aurait lieu ce mercredi (01/12) à 19h30 au Planning Familial.

L’occasion de faire le point sur la campagne contre le viol et de préparer le prochain numéro qui aura comme dossier principal les femmes et le sport.

Toutes les infos

J’t’en foutrais des catherinettes

26 Nov

Hier, je suis arrivée fatiguée au boulot, après une nuit très courte comprimée entre un super collage d’affiches et une diffusion de tracts, dans le cadre de la campagne contre le viol.

D’une façon générale, l’accueil a été très bon, aussi bien dans les rues de la capitale, de nuit et de la colle plein les mains, que tôt le matin, un paquet de tract sous le bras (façon de parler). Par contre c’est vrai qu’enchaîner les deux est  un peu rude et je suis donc arrivée au boulot avec des cernes mais avec le sourire (on peut pas tout avoir).

Et là, bim! Une collègue m’envoie un email:

« Bonne fête, Catherinette! »

Mon sang n’a fait qu’un tour. Pour rappel, il était de tradition au Moyen Âge que les femmes de plus de 25 ans et pas encore mariées, revêtent un chapeau bleu et jaune dans l’espoir d’enfin trouver un mari.

Comment dire… penser de nos jours que l’objectif ultime pour une femme soit de trouver un mari me révolte. Une femme est un être comme un autre et qui n’a besoin de personne pour être considérée comme responsable de ses actes et indépendante. Perpétuer cette tradition, c’est opérer un retour en arrière où la femme passait du joug de l’autorité paternelle à l’appartenance à son mari.

5 heures de sommeil et une remarque sexiste, c’est vraiment trop pour moi!

La honte doit changer de camp!

24 Nov

Chaque année en France, plus de 198 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol.
75 000 sont violées.
Je suis l’une d’elles, je peux être l’une d’elles

A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le Collectif Féministe contre le Viol, Mix-Cité et Osez le Féminisme lancent une campagne nationale contre le viol.

le viol est un phénomène de société découlant de l’organisation sexiste de celle-ci.

Il faut que tout le monde sache et revendique que:

– Les hommes n’ont pas une sexualité débridée et incontrôlable,

– Les femmes qui ont été agressées sexuellement ne l’ont pas cherché, quelque soit la façon dont elles sont habillées ou avec qui elles sortent,

– Quand une femme dit « non », c’est « non ». Une prétendue sexualité féminine passive, soumise aux initiatives des hommes, est un mythe,

– Moins de 1% des violeurs sont condamnés et moins de 10% des victimes portent plainte, pour des raisons de peur des réactions de l’entourage principalement.

Que faire?

– En parler, être consciente que 1 femme sur 10 a été ou sera violée dans sa vie, que ça peut être l’une d’entre nous.

Aller sur le site du collectif pour signer la pétition, voir les soutiens de poids à cette campagne, lire les témoignages et diffuser ces informations.

– Regarder et diffuser les clips tournés pour l’occasion

entreprise, parentalité et sexisme

23 Nov

Ca papote avec les collègues autour de la machine à café. L’un dit qu’il est fatigué,  je rétorque que pour ma part, il faudrait supprimer le lundi et la conversation dévie sur la semaine des 4 jours, puis sur le fait d’être aux 4/5.

Dans ma boîte, seules des femmes sont aux 4/5. Le mec avec qui je parle me dit qu’il voit bien que c’est utile, rapport à la logistique à mettre en place quand on a des enfants et me cite en exemple sa femme qui s’est mis au 4/5 pour garder les enfants le mercredi.

Une autre collègue fait remarquer qu’il est dommage que les hommes ne s’y mettent pas également et le premier répond qu’il ne voit pas cette pratique être acceptée par les entreprises, direction comme collègues.

Je me souviens alors de l’anecdote d’une nana, cheffe de service, qui voit arriver un des hommes de son service lui demander la possibilité de passer aux 4/5, dans le but de garder ses enfants. Elle accepte, mais quelques jours plus tard, il revient la voir pour lui dire qu’il ne fera pas la demande car il le vivrait trop mal vis-à-vis de ses collègues.

Une autre anecdote m’a été racontée par une femme qui bosse en entreprise et dont l’un des collègues est passé au 4/5, une fois de plus pour raisons familiales. Elle explique que l’organisation d’entreprise en a été modifiée, puisque pour chaque demande de réunion, quelqu’un demandait à ce qu’elle n’ait pas lieu le mercredi car Untel n’était pas là, alors que personne ne s’offusquait avant ça de placer une réunion un jour où une femme n’était pas présente.

Il est fondamental que les hommes revendique leur droit à  la parentalité et que les entreprises mettent en place des mécanismes permettant à tous ceux qui le souhaitent, homme comme femme, d’aller chercher leurs enfants à l’école ou de passer aux 4/5. C’est un levier fondamental pour le rééquilibrage entre les salaires des hommes et des femmes mais aussi de l’évolution de leur carrière professionnelle.

A noter que les différences salariales sont une composantes fortes du fait que les femmes sacrifient leur carrière pour les enfants. Ca tombe bien, la loi de 2006 sur l’égalité professionnelle stipule que les inégalités salariales auront disparu au 31/12/2010.

Réjouissons-nous; plus que quelques semaines à attendre!