En tout premier lieu, je tiens réellement à m’excuse pour ce titre lamentable, mais j’ai des excuses: la fatigue, la patinoire, le froid et le reste.
Une fois de plus, c’est sur France Inter que j’ai entendu parler de ce procès révolutionnaire chez nos copains les américains, qui oppose le leader mondial de la distribution à … l’ensemble des ses salariées.
Tout commence en 2001, quand Betty Dukes et six de ses collègues se lancent dans un procès pour discrimination liée au sexe, aussi bien dans des inégalités salariales que pour l’impossibilité de progresser dans l’entreprise. En 2004, un juge a validé le fait que ce procès puisse se transformer en class action, c’est à dire que les plaignantes sont autorisées à représenter l’ensemble des personnes ayant aussi été discriminées sur les mêmes caractéristiques, à savoir l’ensemble des salariées depuis 2001. Le passage d’un procès lambda à une class action a été possible car les plaignantes ont réussi à montrer que la discrimination dont elles ont été victimes n’étaient pas des cas isolés, mais dépendaient fondamentalement de la stratégie d’entreprise, puisque les ressources humaines sont centralisées.
Wal Mart a d’ores et déjà annonce qu’ils iraient en Cour d’appel en cas de condamnation, mais cette affaire a deux mérites:
– quelque soit l’issue, Wal Mart risque de voir son cours de bourse fléchir en même temps que sa réputation se noircit un peu plus.
En effet, WM est déjà largement connu pour discrimination syndicale. Chaque fois qu’une cellule syndicale est créée dans un de ses sites, la solution est radicale: fermeture du site. Il y a aussi la discrimination sur l’état de santé: un document établissant une procédure de sélection des employés avait fait grand bruit lors de sa publication dans la presse. L’entreprise prévoyait en effet de faire travailler ses nouveaux salariés à un rythme très éprouvant au moment de leur intégration, afin de repérer les plus faibles et de s’en séparer pendant leur période d’essai. Un moyen d’économiser sur l’assurance maladie accessible à tous les employés (en bonne santé).
– cette classe action, qu’elle aboutisse ou non, est un premier pas vers de nouvelles class actions. Le risque financier est énorme et c’est à mon sens la seule solution de contraindre les entreprises à mettre en place des politiques égalitaristes. En effet, tout raisonnement se fait à partir d’une analyse risque – opportunité. Tant que la probabilité d’occurrence d’un évènement (être condamné en class action) multipliée par le coût qui lui est associé (les rattrapages de salaires pour toutes les employées depuis 2001) reste inférieur au coût de mise en place d’une politique d’égalité, l’entreprise ne bouge pas.
Je suivrai ce procès avec la plus grande attention et j’espère qu’il ouvrira des portes à d’autres actions du même genre. Sans jeu de mot.